Gang Gang Dance signe ici son troisième véritable
album et c’est peut-être un disque charnière
pour le groupe et pour la mouvance expérimentale américaine
qui nous est proposé.
Même si vous connaissez ce groupe, vous serez surpris
par son évolution spectaculaire et l’enthousiasme
qu’il peut provoquer dés l’entame de ‘God’s
money’.
Pourtant rien ne change fondamentalement, les mêmes
télescopages et collages très cinématographiques
de sons et musiques de tous horizons.
Mais le tour de force de ‘God’s money’ est
d’en faire en plus une vrai œuvre relativement
accessible, et même presque pop.
Tout se fond dans une grande fresque épique et le capharnaüm
devient harmonieux. Il décrit un monde féerique,
c’est un conte enchanteur et inquiétant. Les
sorcières et les démons sont tapis dans l’obscurité
de la forêt, et les anges et les magiciens nous protègent.
Ça c’est pour l’image.
Pour le son, ce qui rend l’album si unique actuellement,
c’est la façon dont le groupe transforme son
expérimentation avec cohérence, fluidité
et surtout avec une approche mélodique étonnante
où les rythmes tribaux se noient dans l'atmosphère
évanescente qui se dégage en permanence.
Peu d’artistes arrivent à apprivoiser leurs influences
à ce point. Il n’y a qu’à simplement
voir de quelle manière les réminiscences noisy
pop et shoegazing si à la mode, sont ici traitées
et assimilées, rejetant toutes les autres tentatives
au rang de quasi insignifiantes. C’est flagrant sur
le ‘tubesque’ ‘egowar’, rencontre
de Sigur Ros, My Blody Valentine, Black Dice et les musiques
du monde.
De même, on ne peut que constater l’habilité
avec laquelle sont intégrés les sons et les
bizarreries electro et de science fiction qui se jettent dans
la mêlée comme le reste, avec naturel.
C’est un virage décisif que prend Gang Gang Dance
et qui lui ouvre les portes d’ un underground….moins
underground. Car il est utile de préciser que cet un
album nécessite une certaine ouverture d’esprit
vers l’expérimentation, pour pouvoir l’apprécier.
Titres préférés : Egowar - Egyptian
- God’s money I - Glory in itself |